Ces derniers temps j’ai affaire avec un peu de bureaucratie personnelle (oui oui, il m’arrive de m’occuper de la mienne aussi, en plus que de la vôtre! Ehehehe), et quotidiennement je lutte contre cette habitude toute française d’annuler complètement mon identité car je suis mariée.
Cela m’a rappelé un dîner entre amis pendant lequel l’un d’entre eux, avec naïveté et nonchalance (je ne me souviens plus de quoi on parlait), affirma :
Ben de toute façon tu as pris le nom de ton mari.
Le malheureux ne pouvait pas imaginer d’avoir ouvert le vase de Pandore et d’avoir touché un des sujets qui m’énervent le plus en tant que femme autonome et indépendante vivante au XXIe siècle. Il s’en est aperçu deux secondes après quand, tout en essayant de contrôler ma rage, je lui ai expliqué que non, je n’avais pas pris le nom de mon mari, car je m’appelle Elena Italiani et Elena “nom de mon mari” (même s’il a un très beau nom !) ce n’est pas moi, c’est une autre personne qui n’existe pas (et si elle existe, il s’agit justement de quelqu’un avec une autre identité).
Mais pourquoi j’ai éclaté comme ça ? Pourquoi ce sujet m’énerve autant ? Je vais vous l’expliquer dans les détails pour vous illustrer un des paradoxes français qui consiste à avoir plein d’idées, souvent appliquées, sur l’égalité des sexes, pour ensuite tomber sur les bases !
« Le mariage est sans effet sur le nom des époux, qui continuent chacun d’avoir pour seul nom officiel celui qui résulte de leur acte de naissance. [ …] Toutefois, chacun des époux bénéficie de l’usage, s’il le désire, du nom de son conjoint, en l’ajoutant ou en le substituant à son propre nom ».
Arrêté du 29 Juillet 2011 du Code Civil
Après le mariage, LES DEUX partenaires peuvent choisir d’utiliser le nom de l’autre. Cela veut dire que selon la loi les époux pourraient avoir tous les deux le double nom, et aussi que Monsieur pourrait prendre le nom de Madame ! Mais combien d’hommes seraient disposés à perdre leur identité ? Chose imposée et sous entendue pour les femmes depuis toujours ?
Le changement de nom n’est en aucun cas automatique, si on veut le changer il faut en faire la demande à l’administration.
Il existe en fait une différence entre le nom et le nom d’usage. Le nom classique qui figure sur l’acte de naissance et peut être celui du père, de la mère ou des deux parents, sera toujours votre vrai nom, même après le mariage. Le nom d’usage est celui qu’on peut choisir après le mariage et dans ce cas-là il y a deux possibilités, aucune des deux imposée ou obligatoire, chacun est libre de faire ce qui plus lui plaît.
On peut utiliser :
Cela n’est pas possible après un concubinage ou un PACS, mais seulement après un mariage. Et si vous voulez faire apparaître votre nom d’usage sur les documents il faut en faire la demande aux administrations avec un formulaire.
La question du nom des enfants n’est pas directement liée au mariage car le fonctionnement depuis 2005 (et donc assez récemment !) est le même pour tout type de couple, mariés ou pas. Les parents peuvent choisir si donner à l’enfant le nom du père, de la mère ou des deux parents. Le problème se pose si ensuite cette personne veut se marier, car pour l’instant la législation française n’accepte que deux noms, pas plus comme par exemple en Espagne. Donc, si M. Rossi-Dupont se marie avec Mme Bianchi-Morand, le couple devra choisir maximum deux noms pour leur éventuel enfant.
Tout ça est très beau, en théorie, mais allons jeter un coup d’oeil à ce qu’il se passe dans la vie réelle, ce qui est à mon avis honteux venant en plus d’un pays qui se moque souvent du côté un peu macho de nos mâles italiens.
Au lieu d’essayer de vous expliquer en paraphrasant la réalité, je vais vous illustrer une série d’exemples pratiques, car ceux qui me suivent régulièrement savent déjà que je ne parle que des choses testées sur moi-même avant de les partager avec vous !
(Par respect de la vie privée de mon homme je l’appellerai M. Untel)